Un secteur énergétique sous tension
Pétrole : en route vers les 100 dollars ?
Après les sommets atteints il y a deux ans, au début de la guerre en Ukraine, le prix du pétrole avait fortement reculé, tombant à 70 dollars par baril, voire moins. En 2023, les efforts successifs de l’OPEP et de l’OPEP plus pour faire remonter les prix avaient été de peu d’effet. Les réductions de production, annoncées en particulier par l’Arabie Saoudite, leader incontesté de l’OPEP n’avaient pas suffi.
La situation a changé au début de 2024. La croissance économique est forte aux Etats Unis et la situation économique de la Chine, bien que toujours fragile, s’est améliorée par rapport à 2023. La demande de pétrole, malgré les annonces de la COP 28 annonçant une transition énergétique « hors des énergies fossiles », reste donc soutenue et en augmentation. Coté offre la décision de l’OPEP plus de prolonger les réductions de production laisse planer la menace d’une production de pétrole insuffisante pour faire face à la demande à la fin de l’année.
Tout ceci dans un contexte géopolitique inquiétant : guerre en Ukraine qui ne donne aucun signe d’apaisement ; crise au Moyen Orient.
Projets pétroliers et gaziers en Afrique
L’Afrique dispose de 7% environ des réserves mondiales de pétrole et également du même pourcentage des réserves de gaz. Cependant la production de pétrole a fortement baissé en 10 ans (de 440 à 330 Mt/an) en particulier au Nigéria et en Angola dont la production combinée a diminué d’environ 40% soit 80 Mt/an Cette baisse de production s’explique par des efforts d’exploration insuffisants. Dans ces deux pays les compagnies internationales jouent un rôle important et le contexte (transition énergétique qui vise à réduire la production d’hydrocarbures, pression de la part des ONG sur les sociétés pétrolières pour qu’elles réduisent leurs activités en particulier en Afrique, refus d’un nombre croissant de banques de financer ces activités) les dissuade d’investir les sommes nécessaires sauf exception.
Mais rappelons à nouveau que s’il est indispensable au niveau mondial de réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’Afrique avec 17 % de la population mondiale consomme à peine 4 % de l’énergie et émet un peu plus de 3 % des gaz à effet de serre. Il est donc indispensable que les pays africains qui disposent de réserves d’hydrocarbures puissent les exploiter pour répondre à leurs besoins en énergie et profiter des bénéfices des exportations pour leur développement
Davantage de renouvelables
L’Afrique dispose d’un potentiel d’énergie renouvelable considérable en particulier en énergie solaire (zone sahélienne, Afrique australe) et géothermique (Kenya). Mais lors du séminaire « COP 28 – Transition hors des énergies fossiles – Quels impacts pour les économies africaines ? » organisé à Paris par l’African Business Club le 5 avril, l’accent a été mis sur l’urgente nécessité de trouver des financements suffisants pour le développement des renouvelables. Trop de projets restent inachevés faute en particulier de prêts à des conditions raisonnables. Les taux d’intérêt sont trop élevés du fait de risques auxquels feraient face les projets. Il faut donc « dérisquer » les opérations
Notre prochaine conférence
La prochaine conférence de notre think tank sera consacrée à « Raffinage et approvisionnement en produits pétroliers en Afrique »
Le programme figure sur le site
Cette conférence aura lieu le 16 avril à 16h30 (Paris) par ZOOM
Inscrivez vous auprès de Latifa Hanifi
Jean-Pierre Favennec
Président
Association pour
le Développement
de l'Énergie en Afrique